Internet est plein, n'en jetez plus!

Lorsque vous vous connectez à un service sur Internet, que cela soit pour consulter votre boîte-aux-lettres, participer à des discussions ou téléphoner avec votre ordinateur, des flots de communication sont établis entre ce dernier et le(s) serveur(s) avec le(s)quel(s) les informations sont échangés. Pour pouvoir identifier ces flux, le réseau Internet utilise, notamment, le concept d'adresse IP. Pour pouvoir communiquer librement sur Internet, chaque ordinateur doit disposer d'une adresse IP unique, un peu comme un numéro de téléphone classique. Même si des techniques permettant d'utiliser une seule adresse externe pour tout un réseau d'entreprise ou ensemble de services existent, les chiffres sont là: de plus en plus d'adresses IP sont nécessaires et de moins en moins sont disponibles:

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Or, même si les concepteurs du protocole IP version 4 (qui permet à chaque machine du réseau Internet d'échanger des informations) avaient prévu large à la fin des années septantes (soit un peu plus de 4 milliards d'adresses), la manière dont les adresses ont été allouées (notamment au préjudice des pays émergents[3], actuellement en forte croissance Internet) et les contraintes techniques liées à l'optimisation des échanges d'information vont bientôt mener à un assèchement des adresses disponibles:

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Même si IPv4 a montré une très grande longévité, robustesse et adaptabilité et est devenu aujourd'hui le protocole standard d'échange d'informations, il est grandement temps de préparer la transition à une nouvelle version: IPv6 a été défini en 1998 et est en test internationalement depuis, avec une accélération ces derniers mois.

La plupart des pays émergents, particulièrement nouveaux dans le monde Internet, ont anticipé ces problèmes en mettant en place dès le départ des réseaux mixtes IPv6/IPv4: par exemple en Chine ou en Hongrie. En Afrique par exemple, la croissance IPv6 a dépassé la croissance IPv4 il y a quelques années déjà.

Pour la Suisse, qui fait partie des pays bien dotés en connectivité et en adresses et pour lesquels une croissance importante n'est probablement plus à l'ordre du jour, la question de la transition vers IPv6 est plus douloureuse: les coûts de formation et de mise à jour ne semblent pas pour le moment équilibrés par les avantages économiques éventuels encore à identifier. On remarque par exemple que peu de fournisseurs d'accès Internet proposent de l'IPv6 en Suisse, ou que peu d'entreprises sont accessibles. Un certain frémissement est sensible dans le domaine académique. Il y a pourtant d'autres raisons que la raréfaction d'adresses qui poussent à une transition: de nombreuses améliorations ont été apportées à IPv6 dans divers domaines (mobilité, qualité de service, optimisation des flux multimédia, simplification des traitements, etc).

Or il faut savoir que même si seuls les ingénieurs réseaux seront confrontés aux réels problèmes techniques directs de la transition, tous les développeurs d'application devront, un jour ou l'autre, adapter leurs applications (par exemple si elles stockent des adresses IP, que cela soit dans une base de données ou dans des fichiers journaux). La problématique ressemble à celle de l'an 2000, sans l'exagération médiatique -- et c'est un euphémisme! Les utilisateurs finaux peuvent déjà vérifier la compatibilité IPv6 des équipements réseaux (ordinateurs, routeurs, imprimantes réseaux, etc) qu'ils utilisent: il est très probable, notamment au niveau des systèmes d'exploitation que la compatibilité et même la connectivité soit déjà assurée.

Le 8 juin 2011 aura lieu un test mondial d'IPv6: en effet, ce jour là, les principaux fournisseurs de contenu (Google, Facebook, Yahoo!, etc) donneront accès à leurs services en IPv6 _par défaut_[1]. Pourquoi ne pas profiter de tester vos systèmes informatiques et de vous sensibiliser à la problématique, afin d'être mieux préparé à la transition inévitable et souhaitable ? [2]

 
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